Aes Dana La Chasse Sauvage 1. La Chasse Sauvage Jetée dans sa course La bête aspire l'air lourd Nourrit sa sève des effluves Des feuilles pourries et des carcasses molles La bête conduit ses fous Sur les chemins boueux Par la nuit la plus courte Tourne ses ramures vers la terre Les chasseurs hagards Arrachent les lambeaux de mémoire Qui collent à leur peau grise Ils mangent la vermine Qui anime leurs corps Les fiers seigneurs du Sidhe Vêtus de sang séché Se mêlent aux déments Dans une danse obsène Leur cri rauque excite la bête qui les entraine un peu plus loin Ecarte toi, mortel De la chasse sauvage Que tes yeux ne rencontrent point Le regard des seigneurs elfes Qui, souillés par la boue et les excréments Suivent le fou de la forêt Detourne toi, mortel De la chasse sauvage De peur que ta raison Ne suive le cortège Et se mêle à la terre Ecarte toi Car tous accompagnent le cerf Personne qui ne l'ait vu N'est resté en arrière 2. La Derniére Marche De loin ils sont venus, de par l'autre mer La coque heurtant les crêtes durcies par les nuits froides Hautes silhouettes de pluie dressées sur l'horizon Ils striaient l'eau dormante de blêmes écorchures Au matin ils ont marché le long des mornes plaines Les pierres, une à une, ont roulé sous leurs pas Dans le fracs des armes qui battent sur leurs cuisses Le chemin se perd et s'efface Les arbres étirent leurs griffes pour freiner leur marche Les racines courent sous la terre froide Leurs cîmes crèvent le ciel Qui pleure des feuilles de bronze et d'or Ils ont gravi les monts enchâssés dans la glace La gueule des rocs les dévore Mille gouffres béant sur le noir L'écorce de leur peau est mangée par le givre Chaque jour, un peu plus Et sur leurs lèvres grises qu'ils mordent jusqu'au sang Les longues nervures du froid se dessinent Au sommet de la montagne ils se sont rassemblés Leur corps pleurant de longues lézardes rouges Leurs yeux annoncent la flamme, promettent la brulure Au loin l'aube se perd dans l'echo des morsures L'hiver est tombé, avec lenteur Demain le village ne sera plus 3. Anwynn Le vent frappe la surface La terre avide et bruyante Le feu rougit les fers les larmes et la poussière Le sang des arbres, viscères de sève brune Naît des veines de ceux d'Awynn Dans les Champs de pierres Où dorment les creatures la fumée et la cendre L'odeur du vin et de la viande Nourrissent les chemins creux Jusqu'au dernier tournant Les chants de la terre Descendent dans les profondeurs d'Anwynn Jusqu'aux oreilles de ceux qui marchent Leur chair et le bois se confondent en lignes sinueuses Contre le souffle de leur poitrine ils tordent leurs mains aux phalanges de brindilles Les chants de la terre Descendent dans les profondeurs d'Anwynn les membres nus de ceux d'Anwynn Fragiles comme le verre Suivent le cours des rivieres S'étendent en lambeaux noirs Dans les traces de mille autres les cris de ceux d'en haut Leurs rires et leurs souffrances les traversent en silence A peine une trace Dans leur chair végétale ils continuent leur marche Ceux d'Anwynn ne peuvent changer Entre leurs mains Les souvenirs de la surface s'ecoulent Au sein de leurs entrailles l'arbre des mondes s'enracine le trou béant de son ventre Est leur bouche cavereuse A l'odeur de cendre et d'humus les feuilles qui montent dans le ciel Portent les stigmates de leur peau D'en haut les chants des mortels Rythment leur marche silencieuse 4. Les Complaintes De Nemon Dans le matin glacé Babd tord les étoffes Les armes déjà sont aux mains des guerriers La rivière n'est plus pure Les destins sont scellés Tout le jour Macha Exlhalte les bras Cueille les souffles Riche au soir d'une moisson nouvelle Un bouquet de tige soutenant des fruits mûres Offert à son regard La nuit Nemon pleure Sans peine Ses ailes portent sa complainte cruelle Les chants de Nemon repoussent les vents Ses airs bercent la veille Ecoute les mélopées de Nemon juqu'au matin... 5. L'Eveil De Fafnir Triste est le destin de celui qui garde le prix du sang Coiffé d'un heaume de terreur Auprès de la rançon des dieux Fafnir rêve Gisant dans son sang Tué par traîtrise Le serpent observe celui Qui l'a tiré de ses songes Il voit les chemins tissés par les nornes «Le trésor rouge comme braise Ses anneaux te mèneront à ta mort Dans l'eau tu te noies Si tu rame contre le vent Tout est péril à qui doit périr» Mais l'homme n'écoute pas Le dragon qui expire Il mange son coeur Et prend l'or Devant la porte du royaume de Hel Le dragon s'éveille Il fixe celle dont la moitié du visage est pourri Il fixe la fille du bouffon Et dans ses yeux s'abîme Les couleurs se taisent Le venin et les larmes tarissent Fafnir s'enfonce dans les profondeurs d'Helheim Délivré de l'or rouge Dans la demeure des âmes grises Fafnir veille 6. Cinq Jours Maudits L'année s'achève Le sang coule des cinq jours maudits L'obsidienne entaille les chaires Sur les marches écarlates S'empilent les crânes S'entassent les corps Cinq jours maudits Aucun sacrifice n'apaise la soif des dieux Les guerriers tombent La peste ravage Se multiplient les serpents Cinq jours maudits Si puissants sont les dieux hostiles Scarifications et offrandes Sacrifices et prières Le katum s'achève Le cycle s'achève Les cités sont perdues Elles retournent à la terre Les cadavres et les pierres Se confondront bientôt Au sein d'un tombeau de jade Le tambour se taira S'éteindra le dernier cris Stèles brisées Masques piétinés Ahau sera le jour du silence 7. Stigmates Le chant se brise comme je nie le pouvoir Des stigmates naissent les mots Signes souillés d'une lumière éteinte Passé le seuil, la trace invisible se meurt Tes liens t'entraînent La chute Avilissante dans son ivresse Te soustrait à ta flamme Pale résidu d'une ombre De l'infamie naît la quintessence Au loin brûle une image Rêve achevé et terrible aujourd'hui que tu n'es plus Ta disgrâce est ta quête Dans ces ténèbres que tu hais Tu apprends à aimer ta plainte Le regard tourné vers d'antiques idoles Indifférent au dieu nouveau Tu ne trahiras pas une quête vaine Le Graal était une émeraude Ta blessure est ton destin Essence d'un caprice ou d'un rêve Tu tisses une trame au hasard Motif de pouvoir Le chaos ou les ténèbres Ont inventé pour toi Une image nouvelle L'empreint t'éloigne De cet autre dessein Tu es ce que tu hais Tu haïras ce que tu a été A jamais tu y aspires Tu es de nouveau le seigneur De l'ombre est né la quintessence 8. Ethereal Visions Part I This night, life is hanging heavily in me, as an oppressing burden, Repugnant by her irony of intoxicating happiness, Irritating by her provoking cynicism, As she attempts to atone for the little strength that remains to me, The last hopes, the last ethereal visions, The past times and those to come, Those who have never been and shall not be, Those who haunt me night and day, Those who try to reach but always elude in a blurred évanescence, As the water we would like to seize, he glides, Vanishes in a sheaf of a harassing ridicule. The dread is his most favourite mean, The anguish a terrible use, The despair his most devoted companion In the darkness where he likes to initiate me painfully, Where the dreams vanish slowly, And where the infinity of the naught comes to me, I feel it so close to me, It kisses me like a loving curse mistress And its breath of chrysanthemums exhales me The sweet fragrance of a unique j ourney... Without retum. 9. Ethereal Visions Part II A winding path in a quiet and cold storm. It ascents higher and higher to an abyssal summit, Abrupt ravines where sink the grounded souls, The spirits tortured by the fire, the blood, the desire, The dishannonic and intoxicating music of the impious cries, The chorus of a dark etemal church, The love which dies in a nauseous rale, Vomiting her last sweetness in a melodic and proud crescendo, Led through the transparent and fantastic colours, The priest hears his last prayer under the broken vault of this stonework which vibrates into What it Is Not And Will Soon No More BE, Insufflating him its dying fluid which curdles under the rhythm of the requiem. The piercing screams are at the apogee, The fusion of the universe implodes under the pressure of the tears, The howls are near, I feel her breath beneath the trees, And let me lay on the damp grey grass, Her perfume is sinking into and I indulge 10. Les Chants De Brennos Depuis longtemps deja Nous avons quitté les terres de nos pères Nos forêts et nos dieux Nous allons seuls sur les chemins Nous avons oublié les prieres Nous avons oublié les contraintes Notre loi nous vient des vents Nous vivons par nos armes Nous vivons pour nos armes pour les chants de nos bardes Les lumières de la biere et du vin Les corbeaux riaient dans le ciel les hommes des cités sont tombés sous nos coups Leur sang decore les idoles de pierres Sur les autels de marbres, les rats mangent leur foie Cdux qui ont pu fuir notre rage Pleurent leurs morts ce soir Leur ode funèbre rythme notre fete Dans leurs crânes encore rouges coulent la bière et le sang Les vents soufflent sur les plaines fertiles les hommes des cités ont appelés ceux qu'ils prient Leur foi leur a donné la victoire Le dieu au laurier a bu notre force Nous avons laissé nos freres reposer sur le sol les cadavres pourrissant de nos amis Nourrissent ceux d'en bas Les vautours emportent leur ame Les mouches noircissent leur chair De nos armes brisées s'ecoule un chant de rouille Ma marche s'achève bientôt Les routes de la defaite Mènent aux autres mondes Dans les terres Hellènes Où mes dieux m'ont laissé J'offre mon sang a la tempête mes chairs aux hyènes Mes Yeux, Ma gloire aux corbeaux 11. Le Suzerain Des âmes En Peine In a dream he cherished illusions, Gloomy premonitions of a funeral storm, His hatred sticked without respite, Filled by the suffering, the screams and the shocks Of these lower creatures who sleep without dreaming. As this far and diaphanous star flood the landscape with its misty light, I see the frightened souls wandering through the swamps, Sports of a funeral lord. The sharp flicks of the hoofs blend with the long screams of agony, With the eternal lamentations of the blind Morpheus, Captive of an invisible dungeon from which he was formally the master. The flutes measure of this grim hunt, That no blood will soil, A requiem of a dreamed dance. Any salvation will come to clear the profane wound, And its essence will bear the sign forever, Invisible but primordial at the eyes of the Last, King of the suffering souls, THE KING, ON THE THRONE OF SORROW