Seth La France des maudits 1. Paris des maléfices Quand d'extase tu cries toute arrogante et fière, Sous tes pieds un charnier, Royaume de la Mort, Catacombes fardées, est de nous tous le sort ! Ton Memento Mori, Ô ville de lumière ! Ô Paris, parle moi, Raconte tes enfers. Quand Catin tu flamboies, Il te voit cimetière. Ô Paris, parle moi, Dévoile tes mystères. Couvre-moi de l'effroi, Dont il a tant souffert. Dessinant dans son lit un fleuve de chimères Le poète enivré d'absinthe, son trésor, fixe la Seine ocrée, quand tout le monde dort, Ressuscite harpies, vampires et vipères ! C'est dans ton infamie qu'il trouve la matière, Tu as donné ta boue il en a fait de l'or. Alchimie du dégoût, il conjure le sort Et te redonne vie, dans l'horreur de ses vers ! Paris des Maléfices Paris des Maléfices Ô Paris, parle moi, Raconte tes enfers. Ô Paris, parle moi, Dévoile tes mystères. 2. Et que vive le diable ! Quel est le prix d'un coeur Tant de fois arraché, Bien pauvre âme blessée, Face au démon moqueur ? Sa mourante valeur Bientôt sans intérêt Peut-elle hui s'échanger Et finir la douleur ? Oh! Signe de ton sang Et que vive le Diable ! Renie tous tes serments, Tu es libre à présent Et que vive le Diable ! Dieu ! Pour toujours absent. Là ! Meilleur confident, À tes côtés le Diable ! Oh! signe de ton sang Le prêtre, reculant Brandit la croix, tremblant. Car ton âme est au Diable ! Tu jouis de chaque instant, Toi, noceur impudent. Oh oui, Vive le Diable ! Oh! signe de ton sang Démons ! Venez ! C'est l'heure. Las d'attendre et douter, Je suis prêt à signer; Entre, Grand Cabaleur! Prenez donc mon malheur, Mon âme et ses secrets, Pour finir aux côtés De sa fervente Ardeur. "Si l'effroi t'envahit, Devant l'éternité Tu n'es pas esseulé ! Le Pacte avec la Nuit, Sache que nous aussi, Epris de liberté, Nous l'avons paraphé. Car nous sommes tous maudits!" 3. La destruction des reliques Démons, parias, venez ! Courons vers la demeure Du Roi du ciel, tombé. Voici venue notre heure ! Alors qu'hurle la nuit, ce courroux vulnérant, Les pieux se plient, veilleurs, près de bougies blafardes Révélant la ferveur de leurs frayeurs hagardes, Apeurés par les cris d'assauts dilacérants. Et nous ne faisons qu'un ! Insurgés en colère Décapitant les Saints, tranchant le Saint Suaire. Déchu par nos venins, Dieu est mort sur la Terre. Nous serons tous demain les Maîtres en Enfer ! Face à la sacristie, cet affront ulcérant D'où, moralisateur, le seigneur nous regarde, Nous inversons valeurs, croix et serments. Prends garde ! Nous allons, affranchis, te réduire à néant ! Et nous ne faisons qu'un ! Insurgés en colère Décapitant les Saints, tranchant le Saint Suaire. Déchu par nos venins, Dieu est mort sur la Terre. Nous serons tous demain les Maîtres en Enfer ! Cette gloire passée, ce soir jonchant le sol ; Statues vandalisées, couvrant haillons d'étoles. Les visages brisés, de nos mortes idoles Voient la croix inversée ! Notre ultime symbole ! 4. Dans le cœur un poignard J'ai cru voir ton regard, briller seul dans le noir Ce n'était qu'un poignard, fatal comme le soir S'approchant silencieux, et clôturant le jour De ses reflets captieux, tranchant comme l'amour Sales mes plaies creusées, de l'absence assassine, L'oméga des passions, au sevrage impossible. Mon sang coule à foison: aucune médecine ! Âme dans la prison, des enfers indicibles. Dans le coeur un poignard, planté fort et profond, Dans mon coeur ce poignard, me brise et me morfond. Soeur jumelle de pleurs, mon malheur tu dessines. Je t'ai voué mon coeur, soumis à ta morsure, Me dévoilant l’horreur sous de rouges toxines, Puis le feu intérieur, colorant ma blessure ! Dans le coeur un poignard, planté fort et profond, Dans mon coeur ce poignard, me brise et me morfond, Dans le coeur ce poignard, me fait perdre raison ! Dans mon coeur ce poignard. Toujours souffrir Jusqu'à la mort ! Donnez moi le poison ! Je veux tout oublier. Point besoin de prison, j'attends sur le bûcher ! Bourreau ! Cours ! Viens à moi ! Graisse la guillotine. Tu es mon seul pourvoi quand la douleur s'obstine ! 5. Marianne 6. Ivre du sang des saints Vois la femme vêtue de pourpre et d'écarlate Dépourvue de vertu, que les anges combattent. Dans sa coupe dorée tant d'abominations Hurlent l'impureté de sa prostitution. Par ses serments odieux, tous les destins se hâtent, Abolissant de Dieu, toute loi scélérate, Proclamant Liberté, à toutes les nations Se prosternant aux pieds de sa domination. Ivre du sang des saints ! Une femme se lève Ivre du sang des saints ! Nue dans leur rouge mort Ivre du sang des saints ! Où les vieux dogmes crèvent Ivre du sang des saints ! Fuyant sa Coupe d'Or. Qui te refusera, portera les stigmates D'une infamante aura, par ton Magnificat. Voués aux gémonies, tous les saints pleureront Devant le grand génie de ton adoration ! Ivre du sang des saints ! Une femme se lève Ivre du sang des saints ! Nue dans leur rouge mort Ivre du sang des saints ! Où les vieux dogmes crèvent Ivre du sang des saints ! Fuyant sa Coupe d'Or 7. Insurrection Soumis à l'éternel, et son oeil implacable, Cohortes de Maudits, rejetés par les anges ! Nos désirs criminels, face à l'irrévocable, Ruinent le paradis, pourri par notre fange ! Plus jamais à genoux, Que hurle notre fronde ! Le Diable est avec nous Tous, Marchons sur le monde ! Revanche de tous ceux, frappés par la disgrâce, Et soudain dans les cieux, au coeur de leur paroisse Arrive notre Feu, quand mortelle et vorace, Les anges et les dieux, notre haine terrasse ! L'extase dans nos yeux, enflamme les espaces, Crevant à mille lieux, des anges la cuirasse. Quand par nos cruels pieux les séraphins trépassent, Entends le cri joyeux du sang sur leurs carcasses ! "Ô Prince des Maudits, toujours à nos côtés Quand lassés des secrets, du soi-disant Sauveur, Qui reste sourd la nuit, aux peines sanglotées. Mais toi tu apparais, soucieux de nos malheurs ! Sous nos yeux éblouis, nos coeurs émerveillés, Par les nombreux reflets, de tes douces horreurs, De ta lumière inouïe ! Qu'haïssent ces curés. Lucifer ! Détruis les ! Car est venue notre Heure !" Plus jamais à genoux, Que hurle notre fronde ! Le Diable est avec nous Tous, Marchons sur le monde ! 8. Le vin du condamné Tes dernières saveurs ne réchaufferont plus Les hivers de mon coeur aux amours vermoulues. Et ni rires, ni pleurs, ne jailliront du flux De tes folles vapeurs ! Ce soir je me reclus. À toi ! Le sang du Christ ! Tous mes rêves honnis, faisant de moi l'exclu De la grande folie des succès superflus. Comme toi je ne suis qu'un désir d'absolu, Ce feu, qui cette nuit, me prive de salut. Je regarde ma vie dans le verre où tu chantes, Son éclat mes amours, si rouges et souffrantes. Ce soir c'est dans ta lie , alors que tu décantes Que s'irisent mes jours, dans cette chute lente. À toi ! Le sang du Christ Ou poison du Démon ; Chasse les nuées tristes De ma condamnation ! Thébaïde sans fin, les blessures de l'âme, Les échecs assassins, tous ces tourments infâmes. Abandonné de Dieu, depuis la première heure, Ce soir enfin les cieux, justifient mon malheur ! Vers l'échafaud, anxieux, je porte mon honneur. Voici le séditieux ! Défiant tout seigneur ! (Attention défi-iant) "La sentence est tombée. Pêcheur par rébellion. Cette gueule insurgée, que nous contemplions Elle sera coupée ! C'est un juste talion". Mais même condamné, je crie Révolution !