Les Chants de Nihil
La liberté guidant le fer
1. Dame silence
Je suis comme je le peux...
Viens là que je te serre
dans mes bras marqués par Dame Silence
Est-ce parce que tu mouilles que tu glisses ?
Je me vois obligé de planter les griffes
Mais plus je serre, plus tes tentacules m'étranglent.
Nous voilà maintenant mon frère et moi
en pèlerinage dans le néant
entre les morts et les presque morts.
Les neurones sautent à chaque gorgée,
mais qu'importe...
quand chaque soir on danse avec Dame Silence
Nous sommes les frères du soleil gelé...
Dame Silence
Nous sommes les frères de la mer hypnotisée...
Dame Silence
On te rentre dedans pour un peu de réconfort,
Dame Silence
Et nous nous emboîtons comme des poupées russes,
Dame Silence
C'est le désaccord complet
les cordes scient nos doigts
La chair est figée
dans nos assiettes pleines de cendres
Dame Silence, viens-nous en aide
aspire ma sève en perdition,
fais toi gonfler les entrailles
et transmet ma voix...
2. Là où nous sommes les rois
Au pays de la médiocrité :
des gens de la grisaille.
Un ballet de bulles au goulot,
autant de notes à cette ethylophonie.
Là où nous sommes les rois
nous assomment air et houle,
alliés pour descendre
même les abonnés
à un Automne permanent.
Monarques de l'attente
dans un humour forcé,
comme des charognards
en manque de vivant.
Par l'album de la pluie
et ce son de vérité,
aimeraient créer l'orage
balayant leurs tourments.
Mais où cuver en paix
sans toit pour s'abriter ?
Où déverser sa vase mentale
sans l'irréalisme des Chants ?
Là où nous sommes les rois
sommes aussi condamnés,
car y gronde la révolte
par litres pétillants.
3. La liberté guidant le fer
Un mètre quatre-vingt d'acier rouillé
exécutent des va-et-viens
dans l'incubateur de la vierge
La Liberté, guidant le fer,
venge tous les dissidents
Marche au son des trompettes,
pour une guerre légitime
Salive inflammable, porte notre rage!
Enfonçons la gueule des moines
à s'en briser les phalanges,
à s'en faire claquer les dents
en dépucelant les nonnes
Je donne la main à la Faucheuse,
ce petit bout de fille déjà dangereux
Elle en veut au monde entier,
rêve d'ordre et de gaité
Mais elle naquit dans un monde obscur
où le criminel est vénéré
Elle deviendra Liberté,
comme je t'aime... comme je t'aime...
Je rêve du jour où, bouillonnants,
on explosera à chaque agression
Les vêtements cachant nos lames,
nous ne serons plus des poupées
mais des grenades
Je pense à demain où, impatient,
je promènerai Liberté dans la nef
L'oriflamme à figure d'ange
Fillette, puisse-tu nous inspirer
Et si l'on parvient à nous enfermer,
je pourrais toujours te redessiner
Une craie, un charbon
ou même mon sang
pour entretenir ma fécondité
Je suis ma propre nourriture,
tu es ma raison d'être
Guide le fer à travers ce qui remue...
ce qui pue la sueur, la galle de la communauté
La mort dans l'âme...
Fais couler cette chair infectieuse
en direction des égouts,
que survoleront,
précédées de scintillements,
les lucioles de mes rêves
Guide le fer à travers chaque nuisance
sonore ou visuelle, profonde ou superficielle
et enseigne-moi comment détruire de façon optimale
Je sais déjà sourire quand j'ai mal
alors ne perdons plus de temps,
Liberté, conduits-moi, moi et mes enfants
4. Clarté de la pluie
Ruisselant mais desséché,
parcourant les plis de la ville,
je perds mon temps.
Voici le chant de la vieillesse,
de la nostalgie, de l'oubli
Et ma matière grise
me joue des tours,
et mes souvenirs meurent
noyés dans l'illusion.
Je subis l'érosion
d'une pluie incessante
Est-ce mon corps ?
Pour combien de temps encore ?
Je veux dormir, je veux m'enfoncer
dans des plumes d'ange.
Oh je veux m'y noyer !
Prenez soin de mes toiles,
de ma terre natale...
Vous me verrez dans mes enfants,
la dynastie des Chants de Nihil
Mon doux Microbe,
ne me gaspille pas.
Dans mon ascension
je vais vers l'absolue pureté !
La clarté de la pluie
me lave de toute envie.
Mon dernier repas,
entouré d'étoiles ailées.
Je lève mon verre et crie :
Je veux dormir, je veux m'enfoncer
dans des plumes d'ange.
Oh je veux m'y noyer !
Prenez soin de mes toiles,
de ma terre natale...
Vous me verrez dans mes enfants,
la dynastie des Chants de Nihil
5. Manifeste (ma politique)
Ma politique est Harmonie
Elle scintille et fait mauvais genre
Silencieuse, que je l'entende
Et de l'âme lui rende le génie.
Concernant son antithèse,
Ma politique - ne vous déplaise -
Est d'en jouer comme d'un hochet
Pour communiquer avec un nouveau-niais
Je ne suis pas de ceux
Qui de ce jeu ne sont
Quand l'optique interdite
D'un verdict change en cons.
Ma politique prend des initiatives
A des tendances hyperactives
Élitiste, mais l'amie des bêtes,
Ma politique s'appelle Juliette !
La première marche résumera mon propos réformiste.
Nous unifierons les sœurs de l'extrême émotion, à jamais !
La première marche résumera mon propos réformiste.
Elle portera l'édifice du mouvement humble et vengeur !
Fouettés par la pluie, bercés par l'alcool
Tout est jaune ici quand la nuit nous isole.
Manifeste à la vie ton insultante ivresse
Car demain sera gris, le gris de la paresse.
6. La Dévastation par les iris
Traînant ma carcasse au milieu d'une prairie,
l'herbe cotonneuse glisse entre mes orteils.
J'aimerais y voir clair mais demeure étourdi
par l'assaut aérien d'un escadron d'abeilles.
J'ai déjà les couleurs malgré qu'il fasse nuit,
et cette épaisse pluie a goût de caramel.
Mortelle errance sur cette plaine infinie !
Pas d'issue mais au loin : cette lueur m'appelle...
Soudain ma vue revient, je vois ce qui m'attend,
quand vient se joindre un son à la brillante force :
D'une armée de fauves conduite par un gosse
gémit une tigresse excitée par le vent.
Ce troupeau déferlant, aux iris éclatants,
dévaste sous son pas par mille feux féroces !
Il souffle mes habits, décolle les écorces,
galope autour de moi en défiant le temps.
Encerclé par ces bêtes éructant des sulfures,
je révère l'enfant qui ricane haut et fort,
d'une langue féline accepte un baiser pur,
qui m'invite à grimper dans le carrosse en or.
Le cortège manœuvre et trace à vive allure,
d'un battement de cil nous sommes à bon port.
« Ma reine aime ta voix au bord de la rupture »
susurre le gaillard dont s'efface le corps...
Soudain les portes s'ouvrent et s'échappe un nuage
qui me pousse à l'orgasme en caressant mes flancs.
De sa truffe humide me hâte un gros chat blanc
jusque devant la reine aux pupilles sauvages :
« Tes chants secouent mes murs, causant de grands dommages,
en légat général je te voudrais pourtant...
pour instaurer chez toi un régime puissant
qui répandrait mon art d'un brûlant nettoyage. »
Quelques années plus tard la foule est devant moi
les rues sont dévastées, j'admire le brasier.
Surplombé d'un ciel rouge, à mon tour de parier
sur un peuple de fauves en leur montrant la voie.
Siégeant à mes côtés : mes frères d'autrefois,
et mes trois nymphomanes à peine libérées.
Quand à la jeune reine errant dans mes pensées
Fut-elle réelle ou non, j'appliquerai sa loi.
7. Les Envies solaires
Lyrics in plain text format